5.5 millions de blessés, 1 117 000 invalides, 1 393 000 soldats Morts pour la France, soit 10 % de la population active masculine et 20 % des hommes de moins de 50 ans : la Première Guerre mondiale est une véritable hécatombe pour la population française.

A ce triste bilan des pertes militaires s'ajoute un nombre sans précédent de victimes collatérales.

En effet, la France compte près de 600 000 veuves de guerre et 1 100 000 orphelins. Toute une génération grandira sans père, soit près de 2 % de la population française.

Les veuves de guerre

Au lendemain de la guerre, le système patriarcal d'avant-guerre se remet en place. Avec la disparition du soutien de famille, la majorité des veuves de guerre se trouve en situation de précarité. L'émotion provoquée par la situation et le fait que la plupart d'entre elles, vivant dans des conditions difficiles, ne peuvent pas éduquer correctement leurs enfants incite l'Etat à prendre des mesures pour leur assurer des ressources indispensables, en leur attribuant des emplois réservés dans la fonction publique et en leur allouant des pensions.

Des lois sont  votées pour leur accorder des aides financières. Pour mémoire, la première loi allouant une pension aux veuves de guerre date de la Révolution française.

C'est ainsi que la loi du 31 mars 1919 reconnaît aux militaires blessés le droit d'obtenir une pension. La loi du 24 juin 1919 étend ce droit aux victimes civiles de la guerre et à leurs ayant-droits. Les veuves sont considérées comme veuves de guerre, et donc autorisées à faire valoir les droits afférents à ce titre, si elles sont veuves d'un militaire mort en service, ou des suites de blessures ou maladies contractées durant le service. 

Le 20 janvier 1920, le Ministère des pensions, des primes et allocations de guerre, est créé pour appliquer cette législation. Le premier a en être ministre est André MAGINOT.


Les pupilles de la Nation

La société française s'inquiète également du sort des enfants des soldats morts en service. Des associations destinées à aider les orphelins de guerre ont été créées dès la fin du XIXe siècle.

Alors que la Première Guerre mondiale est à son paroxysme, l'Etat prend des mesures pour subvenir aux besoins financiers et à l'éducation de ces enfants.

La loi du 27 juillet 1917, en donnant un statut spécifique aux orphelins de guerre, institue en même temps une administration à leur service, l'Office National des Pupilles de la Nation. Dépendant d'abord du Ministère de l'instruction publique, cet organisme est finalement intégré à l'Office National des Anciens Combattants (ONAC), lui-même créé en 1916 sous le nom d'Office National des mutilés et réformés de la guerre.

Le statut de pupille assure le jeune de la protection matérielle et morale de l'Etat, en particulier pour qu'il puisse recevoir une éducation et une formation correctes jusqu'à sa majorité.

La loi du 27 juillet 1927 fait l'objet d'âpres débats entre parlementaires, comme dans l'opinion publique. Son esprit est parfois mal perçu, beaucoup craignant que l'intervention de l'Etat mette à mal l'unité familiale.

Dans les faits, on constate une nouvelle lutte entre les catholiques et leurs adversaires laïcs. L'Etat doit faire preuve de pédagogie pour expliquer ce qu'est cette loi : une protection pour les orphelins, une aide à la formation, une reconnaissance de la Nation ; et ce que n'est pas cette loi : une substitution aux familles.

Un rapport du secrétariat général de l'Office National des Pupilles de la Nation comptabilisait 693 967 enfants concernés lors en décembre 1923.