La loi du 25 octobre 1919, relative à la commémoration et à la glorification des Morts pour la France au cours de la Première Guerre mondiale, prévoit la tenue d'un Livre d'Or, portant les noms des Morts pour la France, nés ou résidents dans la commune, ainsi que la construction d'un monument national à Paris.

Elle invite les communes à prendre "toutes mesures de nature à glorifier les Morts pour la Patrie" avec l'aide de l'Etat.

Les monuments se sont substitués aux Livres d'Or. 


Les Livres d'Or sont consultables sur le site des Archives Nationales.

Les transcriptions concernant les communes de Haute-Loire sont en ligne sur Haute-Loire-1914-1918.

Suite à un projet collaboratif, il est également possible de faire une recherche par nom sur Geneanet, pour tous les départements.


La Première Guerre mondiale est la première et principale guerre commémorée par les Monuments aux Morts.
La France dénombre alors près de 1.4 millions de morts et plus de 4 266 600 blessés sur 8 410 000 mobilisés, pour une population d'environ 40 millions d'habitants. Ces pertes massives amènent à honorer ceux qui ont perdu la vie.

Cet aspect est important, car la très grande majorité des monuments élevés à cette occasion le sont à l'initiative et avec la participation financière des anciens combattants, qui forment 90 % des hommes de 20 à 50 ans en France. Leur motivation à continuer de se battre était l'espérance que cette guerre serait la Der des Der, et que leur sacrifice ne serait pas vain. Les monuments sont aussi là, dans une certaine mesure, pour rappeler ce sacrifice.

Leur construction commence dans l'immédiat après-guerre, mais se prolonge tout au long du XXe siècle. Quelques petites communes se doteront d'un Monument aux Morts seulement dans les années 1990. On en dénombre environ 30 000 de 1918 à 1925 en France, avec un pic moyen de quinze inaugurations par jour durant les trois premières années d'après-guerre.

Dans la plupart des pays, on ajoutera à la liste des Morts de la Grande Guerre ceux de la Seconde Guerre mondiale, puis des guerres suivantes (guerres de décolonisation  - Indochine, Algérie en France - ou guerre du Viêt-Nam aux Etats-Unis).

Quelques monuments aux Morts furent érigés en Haute-Loire dès 1920. Mais 1921 est la grande année des inaugurations, parfois plusieurs chaque dimanche. Ainsi, au cours de l'été 1921, on inaugure les monuments de Laussonne, Le Monastier, Saint-Privat d'Allier, Saint-Pierre Duchamp, Saint-Julien Chapteuil, Vergongheon, Cayres, Vernassal, Saint-Germain Laprade, Pradelles, Vals-près-Le-Puy, Allègre... etc...

 

Les monuments, dont le coût moyen varie de 5 000 à 25 000 francs, sont financés par souscription publique et par les communes, avec parfois une aide de l'Etat, prévue dans la loi de finances de 1920.

 

Souvent, on trouve à l'origine de la souscription la très active "Union des Pères et Mères", dont les fils sont morts pour la Patrie. En Haute-Loire, la président en est M. Grellet de la Deyte, ancien conseiller général d'Allègre, qui a perdu deux fils au combat ; le président d'honneur est M. Gibelin, ancien maire du Puy, dont le fils Auguste, soldat du 38e Régiment d'Infanterie, décédé dès le 2 septembre 1914, compte parmi les premières victimes. La liste des souscripteurs est publiée dans les journaux. La charge est lourde pour les petites communes ; certaines ne parviendront à financer leur monument qu'au bout de plusieurs années. Mais toutes auront le leur.

 

Si stèles, pyramides, obélisques ou colonnes l'emportent, on retrouve beaucoup d'emblèmes militaires et d'allégories : casques, faisceaux de drapeaux ou d'armes, palmes, couronnes de lauriers, urnes, flammes ; on fait figurer le coq, symbole de la patrie gauloise, mais surtout le Poilu, personnage central de la guerre.

 

Les inaugurations donnent lieu à des rassemblements de toute la population, avec des discours reproduits souvent in extenso dans les journaux de l'époque.

 

Aujourd'hui, comme déjà en 1921, devant les monuments, on célèbre moins la victoire qu'on en appelle à la paix.


Inauguration du Monument aux Morts de Saint-Julien Chapteuil le 10 juillet 1921.