La conscription

Après l'abolition du recrutement basé sur le volontariat par la Constitution de l’an III, la Loi Jourdan (19 fructidor an VI - 5 septembre 1798) crée la conscription :  l’armée de terre se forme désormais « par enrôlement volontaire et par la voie de la conscription militaire ».

L’ensemble des Français âgés de 20 à 25 ans, répartis en cinq classes distinctes doit servir l’Empire pendant cinq ans. Seule une partie des jeunes gens soumis à la conscription sont intégrés dans les unités – généralement les plus jeunes de chaque classe d'âge -, l’autre partie formant une « réserve d’hommes », qui servira notamment au moment de la guerre d'indépendance espagnole (1809) ou la défaite de Russie (1812).

Dans le même temps, un système de remplacement est instauré, limité à ceux « qui ne pourraient supporter les fatigues de la guerre, et à ceux qui seront reconnus plus utiles à l’Etat en continuant leurs travaux ou leurs études ».

En 1814, Louis XVIII abolit la conscription. Le recrutement des conscrits se fait à partir d'engagements volontaires.

En 1818, la conscription et l'appel par tirage au sort sont rétablis. La durée du service militaire est alors fixée à deux périodes de 6 ans dans l'armée territoriale, avec la possibilité de se faire remplacer. En 1868, le service militaire passe à 5 ans le temps sous les drapeaux et 4 ans dans l'armée de réserve.

Après la défaite de 1870, le gouvernement veut reconstituer une armée en instituant un service universel, qui devient obligatoire pour tous les conscrits, sans possibilité de remplacement. Tout conscrit déclaré apte est alors engagé pour 5 ans dans l’armée active, puis 4 ans de la réserve de l’armée active, 5 ans de l’armée territoriale et fait partie de la réserve de l’armée territoriale pour 6 années suivantes. Il est donc mobilisable de l’âge de 20 ans à l’âge de 40 ans. 

Cependant, devant la difficulté de maintenir autant d'hommes sous les drapeaux durant 5 ans, le tirage au sort est maintenu, les « bons numéros » effectuant un service d'un an seulement. De nombreuses dispenses sont accordées (fonctionnaires de l’Instruction Publique, élèves des grandes écoles, séminaristes…), jusqu'à la loi du 15 juillet 1889 qui supprime la plupart des exemptions, maintient le tirage au sort, et ramène la durée dans l’armée active à 3 ans.

La loi du 21 mars 1905 abolit le tirage au sort. Le service militaire, obligatoire pour tous, est d'une durée de 2 ans dans l'armée active et 11 ans dans l’armée de réserve. Le conseil de révision accorde les exemptions uniquement après examen médical.

Le 7 août 1913, la durée du service passe à 3 ans, en raison des tensions et des risques de guerre.

Les hommes sont donc mobilisés de façon progressive selon leur statut : 

- 3 ans dans l'active,

- 11 ans dans la réserve,

- 7 ans dans la territoriale,

- 7 ans dans la réserve de la territoriale

soit un total de 28 ans d'obligations militaires. 

 

En août 1914, la mobilisation générale étend le service militaire à tous les hommes.


La mobilisation générale

En 1914, 8 millions d'hommes entre 18 et 45 ans sont mobilisés, soit 20 % de la population.

 

Selon son âge, chaque homme doit s'acquitter de ses obligations militaires, et passe par trois armées réglementaires différentes.

L'armée d'active est composée des hommes âgés de moins de 23 ans, donc nés en 1891 et après. La durée du service est de 3 ans

Ils sont mobilisés dès le début du conflit les régiments d'actives, numérotés de 1 à 176.

 

L'armée de réserve est composée des hommes âgés de 24 à 33 ans, donc nés entre 1881 et 1890. La durée du service est de 11 ans.

Ils sont mobilisés dès le début du conflit les régiments de réserve numérotés de 201 à 421.

 

L'armée territoriale est composée des hommes âgés de 34 à 39 ans, donc nés entre 1875 et 1880, considérés comme trop âgés et plus assez entraînés pour intégrer un régiment de première ligne d'active ou de réserve. La durée du service est de 7 ans. Ils sont mobilisés tout au long du conflit.

 

La réserve de l'armée territoriale est composée des hommes âgés de 40 à 45 ans, donc nés entre 1868 et 1874. La durée du service est de 7 ans. Ils sont mobilisés tout au long du conflit.

Rapidement, la réserve de l'armée territoriale incorpore les hommes âgés de 46 à 49 ans, donc nés entre 1865 et 1868.

 

Les réformés et exemptés des classes 1887 à 1914 ont l'obligation de se faire recenser en mairie dès septembre et octobre 1914 afin de passer à nouveau devant le conseil de révision.

 


  • Réformé n° 1 : Militaires réformés en raison d'une blessure invalidante du fait de guerre.

  • Réformé n° 2 : Militaires réformés en raison d’une maladie contractée en service.

  • Réformés, exemptés :
    Le décret du 9 septembre 1914 modifient les règles initiales : les réformés et exemptés des classes précédentes à la classe 1915 sont convoqués devant une commission de réforme.
    On décide si l'homme reste réformé, exempté, ou si, au contraire, il est jugé bon pour le service armé ou auxiliaire.

  • Service auxiliaire : Dès le 20 septembre 1914, un décret cherche à trouver les hommes du service auxiliaire aptes au service armé. Ces hommes sont convoqués à plusieurs reprises devant des commissions de réforme pour déterminer leurs aptitudes au service armé.
    Ces hommes tiennent un rôle important dans les dépôts, les casernes à l'arrière et concernent les soldats plus âgés, les soldats blessés inaptes au service armé et les invalides.

  • Ajournés :
    Convoqués devant le conseil de révision à chaque appel d'une nouvelle classe , on vérifie chaque année la validité du motif d'ajournement.

  • Détachés :
    Mobilisés affectés aux établissements, usines, mines et exploitations travaillant pour la défense nationale (Selon les conditions prévues par la Loi du 17 août 1915).

  • Détachés « agricoles » :
    Les propriétaires exploitants, fermiers et métayers sont renvoyés (sous réserve de conditions) dans leur exploitation. La mesure concerne également les professions de maréchal ferrant, forgeron, réparateur de machine agricole, bourrelier , sellier et charron.

 

Source : Raymond CAREMIER