La France de 1914 compte 41.6 millions d'habitants,  niveau qu'elle ne retrouvera qu'au début des années 50. C'est dire le temps qu'elle mettra à se remettre du conflit qui va éclater et qui va balayer plusieurs générations de jeunes hommes. 

Cette population est essentiellement rurale : 44 % des Français vivent de la terre.

Mais la société industrielle émerge et les ouvriers sont environ 5.5 millions.


Depuis 1880, la République est installée et sa devise "Liberté - Egalité - Fraternité" est gravée sur les frontons des mairies.

Toutefois, de grandes disparités subsistent, et tandis que la vie est rude dans les campagnes et dans les villes, une bourgeoisie tend à émerger, venant des gros propriétaires terriens, rentiers et professions libérales. Les financiers, banquiers, négociants, enrichis par le commerce et le développement du nouveau monde et l'exploitation des colonies, sont déjà en haut de la pyramide sociale. Les modes et les goûts se font dans les salons parisiens.

C'est la fin de la "Belle Epoque".

La scolarité a été rendue obligatoire par les lois de 1881 et 1882. Cette école de la République apprend à ces générations du début du siècle non seulement à lire et à écrire, mais également souvent à parler le français, ce qui n'était pas le cas dans les années 1880. Elle est fédératrice dans une société très inégalitaire. On y apprend à aimer et servir le pays.

Des millions de personnes ont du mal à subsister dans les campagnes, que ce soit avec un maigre lopin de terre ou comme journalier dans les grandes exploitations. L'exode rural commende avant la guerre. Et après la guerre, de nombreux jeunes hommes, près de 1 sur 3 dans certains départements, ne rentreront pas au pays, mais rejoindront les ouvriers ou la fonction publique.

L'industrie prend son essor. La France compte plus de 5 millions d'ouvriers, dont près de la moitié dans de grandes entreprises industrielles ou dans les mines. Mais les conditions de travail sont déplorables, et des mouvements sociaux sont réprimés dans la violence (1905 - 1906).

Cette classe ouvrière naissante a peu de droits et ne croit pas en la République. La guerre qui va venir va les fédérer autour des valeurs de la Patrie et de l'honneur, valeurs portées par l'école publique.

Pour l'ouvrier, le repos dominical n'est en vigueur que depuis 1906, la journée de travail dure 12 heures ; elle est de 8 heures pour les mineurs depuis 1905. De la retraite, on en parle, mais rien n'est fait.

Depuis la défaite de 1870, le territoire est amputé de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine, perte vécue dans la mémoire collective comme une injustice.

Cette époque est également celle du développement des colonies, source de fierté pour la nation, voire d'enrichissement pour quelques-uns, et qui permet à des familles qui ne trouvent pas de travail en métropole de s'expatrier... Les colonies seront également une source de discorde entre les puissances de l'époque.

L'armée est l'endroit où se retrouvent toutes les classes sociales. Si les postes d'officiers sont tenus par l'aristocratie ou les notables, les hommes sont dans un creuset qui contribuera aussi à l'unité de la France et fera de ces hommes les combattants si courageux dans les mois qui vont venir. Car ces hommes, habitués à vivre chichement et à travailler dur, sont résistants. C'est ce qui les fera tenir dans dse conditions qu'aujourd'hui aucun d'entre nous ne supporterait.